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GreenNews Techno - Un outil pour valoriser les stocks dormants du BTP

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Le secteur du BTP investit de plus en plus le monde du numérique et a par exemple déjà largement identifié le potentiel offert par ces technologies pour favoriser le réemploi ou la valorisation de déchets ou de surplus de matériaux, via des « marketplaces ».

Les pratiques du secteur ont en effet beaucoup évolué, chacun n’hésitant plus à chercher le meilleur prix pour un produit et appréciant de bénéficier d’une disponibilité immédiate de produits, ce qui n’est plus toujours le cas par les voies traditionnelles de distribution. La startup StockPro, créée à l’automne 2018, affiche donc elle-aussi cette fonctionnalité de place de marché BtoB pour les invendus du secteur du BTP. Mais pour cette nouvelle offre du marché, cette fonctionnalité de valorisation commerciale est loin d’être le premier des services rendus aux entreprises utilisatrices.

Pour son fondateur, Romain de Garsignies, qui a été pendant douze ans entrepreneur dans le bâtiment, l’enjeu était avant tout d’aider les entreprises à mieux gérer leurs propres stocks fatals, en les qualifiant et quantifiant facilement. De fait, chaque année, plus d’1,5 milliards d’euros de matériaux et produits neufs, non utilisés sur les chantiers, sont jetés (ou a minima stockés sans être répertoriés) par les 400 000 entrepreneurs nationaux. Si certains consommables sont assez facilement réutilisés, car très courants, notamment les enduits, plâtres, câbles électriques ou tuyaux de cuivre…, des produits terminaux plus spécifiques sont très mal gérés. Ce sont dans le second oeuvre des vasques et autres robinets ou pare-douches, des appareillages électriques (disjoncteurs par exemple), des luminaires, de la menuiserie etc.

« Des erreurs dans les prises de cotes ou des clients qui ont changé d’avis engendrent des stocks de produits neufs, parfois très spécifiques, qui prennent de la place et deviennent un stock dormant, avant en général d’être jetés »,

explique Romain de Garsignies.

Car dans l’entreprise, le process de chantier n’est pas organisé autour du dépôt. L’idée de StockPro a donc été de développer un outil numérique permettant à chaque entrepreneur, quelle que soit sa taille, de disposer d’une visibilité immédiate sur son stock de produits et matériaux non utilisés. L’idée première est donc déjà de pouvoir réutiliser ces produits dans de futurs chantiers (en permettant de les proposer à de futurs clients par exemple…), et d’avoir une idée précise de l’impact économique de ces stocks, comme par exemple identifier des manques de rigueur dans l’évaluation des besoins du chantier ou les prises de cotes (et donc réduire les volumes de produits non utilisés). Partager ces stocks et les mutualiser en en mettant une partie ou la totalité sur une place de marché devient alors un plus pour l’entreprise, mais pas l’objectif principal.

Mais tout cela ne peut prendre corps que sous réserve que l’outil soit facile à prendre en main et le moins contraignant possible pour les utilisateurs au quotidien. StockPro a donc travaillé au plus près du terrain pour définir les fonctionnalités de son application, à commencer par une méthode permettant à partir du scan du code-barre via un téléphone de disposer de toutes les informations techniques sur le produit (l’intitulé, la fiche technique et la photo), pour lequel il ne reste ensuite qu’à entrer la quantité restante, le prix payé et le lieu de son entreposage.

L’application gère aujourd’hui 150 000 références de produits (et continue à enrichir sa base) grâce notamment à des partenaires fabricants (type Schneider Electric ou Wirquin pro dans la plomberie, Hansgrohe dans la robinetterie) et des partenaires de distribution multi-fabricants (Sonepar par exemple).

Chaque entreprise peut ainsi disposer facilement de l’état de son stock (d’autant que StockPro va aider ses 500 premiers clients à réaliser l’inventaire de départ…) et pouvoir le valoriser au mieux, en interne et sur la nouvelle place de marché. L’objectif est que les salariés aient aussi le réflexe lors de la préparation d’un chantier avec un client ou après, d’interroger cette base interne facilement (et même envoyer la fiche produit automatiquement au futur client pour lui montrer tel ou tel produit). Chaque utilisateur dans l’entreprise peut ainsi « réserver » le produit avant le « sortir » du stock s’il est utilisé.

Ce qui n’empêche pas l’entreprise de mettre sur la place de marché associée à l’outil une partie de ces produits et matériaux, place de marché sur laquelle elle pourra librement fixer son prix (l’appli indique cependant un prix moyen pratiqué pour le même produit, ce qui revient en général à appliquer des remises de 50 % sur le prix d’origine). En travaillant dans un premier temps sur les services rendus en interne avec son application, StockPro entend sur chaque territoire massifier dans un premier temps la base des produits disponibles dans les stocks dormants, et donc rendre plus attrayante par la suite la fonction de mutualisation des stocks via la « marketplace ». C’est comme cela que l’entreprise a démarré son activité opérationnelle avec l’application à usage interne lancée en début d’année sur l’Île-de-France et l’ouverture de la marketplace il y a quelques semaines sur ce territoire (avec environ 10 000 produits disponibles à la vente). Elle devrait en 2020 investir les régions Auvergne-Rhône-Alpes et PACA avec ce même déploiement en deux temps. Et l’accélération de l’entreprise promet d’être rapide.

A ce jour, StockPro compte une centaine de clients sur la région francilienne (où le potentiel est de 80 000 entreprises du BTP) mais cible les 1 500 utilisateurs d’ici juin, voire plus (mais son fondateur reste prudent), car les partenariats engagés avec les distributeurs visent aussi à proposer l’application. « Des partenaires comme Sonepar ne souhaitent plus gérer de retour-chantier mais peuvent co-financer l’application pour leur client et leur offrir un moyen de gérer facilement ces retours-chantiers en interne et sur la place de marché », précise Romain de Garsignies. D’où l’effet boule de neige attendu pour les prochains mois, via par exemple les 60 agences d’IdF du distributeur et d’autres partenariats incitatifs de ce type.

Après une première levée de fonds de 450 k€ menée auprès de Business Angels au printemps dernier (l’application proposée étant beaucoup plus coûteuse et complexe à développer qu’une seule place de marché), la startup devrait être amenée à réaliser un nouveau tour de table, de grande ampleur (3 à 5 M€) pour accompagner son déploiement massif. D’autant que son dirigeant a déjà tout une feuille de route technique en tête en plus du déploiement commercial dans le monde du bâtiment, élargi ensuite au secteur TP: le calcul de l’empreinte carbone, l’intelligence dans les alertes sur la place de marché par rapport à son profil de consommation, la valorisation de données pour l’entreprise utilisatrice (analyse comportementale), la sélection de panels pour les fabricants souhaitant tester un nouveau produit, une API pour les distributeurs souhaitant aussi utiliser ce canal pour des fins de stocks (et qui ne vont pas scanner tous les codes-barres)… Un développement qui restera donc à suivre.