Label réemploi : un défi pour l’économie circulaire du BTP
Dans un contexte où entreprises et individus sont de plus en plus sensibles aux questions du gaspillage, de la production des déchets ou du coût carbone, le réemploi s’ancre progressivement dans les habitudes. Mais face au greenwashing, les consommateurs sont demandeurs de preuves qui certifient que les produits qu'ils achètent sont réellement durables et respectueux de l'environnement. En face, les entreprises ont donc besoin de prouver leur engagement éco-responsable pour gagner leur confiance. C'est là que la création d’un label national réemploi entre en jeu…
Mais au juste, qu’est-ce qu’un label ? Qu’existe-t-il aujourd'hui dans le domaine du réemploi ? Quelles sont les pistes de réflexions et d’évolutions pour demain ?
Certification & label : définitions
Qu’est-ce qu’une certification ?
Une certification vise à rassurer les consommateurs en leur garantissant que l'entreprise ou le produit répond à des critères de qualité clairement établis. Il s’agit d’une validation officielle émise par une autorité compétente (un organisme certificateur), attestant que les produits, les services ou les entreprises se conforment à des normes spécifiques - de qualité, de sécurité ou environnementales par exemple.
Qu’est-ce qu’un label ?
En règle générale, le label intervient en amont de la certification. Il vise à récompenser des pratiques exemplaires ou des caractéristiques spécifiques, comme la fabrication artisanale ou l’agriculture biologique. Il s’agit d’une reconnaissance apposée à un produit, pour en garantir l'origine, la qualité ou la conformité par exemple.
Labels réemploi : où en est-on ?
La loi AGEC a fixé le cadre de création de labels filières dédiés à l’anti-gaspillage. Certains secteurs, comme celui de l’alimentaire, ont su saisir cette opportunité : suite à l’initiative de l’entreprise Phénix, la filière alimentaire a, depuis décembre, son label national anti-gaspi qui garantit la mise en place d’actions concrètes pour lutter contre le gaspillage.
En revanche, pour ce qui est du secteur de la construction, le réemploi est plus ou moins pris en compte dans certaines certifications existantes, mais aucun label national ne lui est dédié. Or, il est essentiel qu’une telle initiative soit portée par l’ensemble de la filière pour déterminer ensemble les critères d’obtention du label. Car les enjeux sont nombreux…
Création d’un label : quels enjeux pour le réemploi ?
Les labels environnementaux, une arme anti-greenwashing
Face à la montée de l'intérêt pour les pratiques éco-responsables, de plus en plus d’entreprises sautent sur l’occasion de surfer sur la vague verte, sans pour autant faire preuve d’un réel engagement environnemental. Ces déclarations trompeuses qui enjolivent une réalité bien moins flatteuse suscitent une méfiance croissante des consommateurs, qui accordent de plus en plus d’importance à la façon dont ils consomment.
C’est là qu’interviennent les certification et labels environnementaux : ils offrent une transparence aux consommateurs, qui peuvent faire des choix informés en faveur de produits et de services véritablement respectueux de l'environnement. Ces labels constituent donc une véritable garantie contre le greenwashing, puisqu’ils permettent de distinguer les entreprises engagées dans une démarche authentique de celles qui cherchent simplement à se donner une image écologique sans réel engagement…
Le label a donc pour rôle de confirmer que les produits, même neufs, sont bien issus du réemploi. Souvent, l’économie circulaire est immédiatement associée à des produits de seconde main, déjà utilisés une première fois. Dès lors qu’il s’agit de matériaux neufs, on constate qu’une confusion peut vite apparaître avec la notion de déstockage. Le label réemploi permettra d’attester que le produit était initialement voué à la déchetterie et rentre donc bien dans la catégorie réemploi.
Si ce label est un appui pour l’acte d’achat engagé, le fait d’y inclure le neuf constitue un appel au changement de comportement et de façon de consommer. Avant d’acheter, il faut envisager de ne pas jeter… Ou, à défaut, de permettre à mon surplus d’éviter à un autre d’acheter. C’est sur ce principe que repose le modèle de StockPro...
Valoriser l’acte d’achat éco-responsable
En ce qui concerne la promotion d’une consommation responsable, le label permet :
pour les acheteurs, d’obtenir la certitude que le produit acheté, même neuf, était bien initialement destiné à la benne. Grâce au compteur carbone en passe d'être finalisé par StockPro, le consommateur aura également une idée plus concrète de ce qu’implique le fait de choisir un produit en réemploi.
pour les entreprises, de se démarquer de la concurrence en valorisant un engagement dans des pratiques durables et responsables. Le label constitue également une reconnaissance officielle de ces efforts et renforce la confiance des consommateurs dans la marque et les produits.
Responsabiliser les consommateurs
Enfin, le label réemploi s’inscrit dans une démarche de responsabilisation du consommateur. Aujourd'hui, chaque individu est pleinement acteur de ses choix de consommation qui ont des conséquences importantes. Conscients de leur pouvoir, les consom’acteurs sont de plus en plus alertes et exigent un accès accru aux informations qui concernent les produits qu’ils achètent. Dans cette perspective, le label participera à rendre accessible des informations fiables qui permettront à chaque individu de mesurer l’impact de son acte de consommation.
Réemploi : quel label pour demain ?
A terme, la volonté est donc de développer un label multimarques pour la filière BTP, associant distributeurs, fabricants et organismes certificateurs.
Le projet de Label Green Everyday : qu’est-ce que c’est ?
L’idée d’un label collectif s’est cristallisée autour du projet “Green Everyday” un label « Circularité » intégrant un calculateur carbone construit avec les acteurs de la filière.
Afin de proposer une notation claire et facilement compréhensible du statut de réemploi du produit — un peu à la manière d’un nutri-score du réemploi —, le label intégrerait une segmentation des produits pour permettre aux consommateurs de savoir si le produit est :
Neuf
Reconditionné (et à quel pourcentage)
De seconde main
Pour garantir l'objectivité et l'impartialité de l'évaluation, il est essentiel qu’il soit créé par une structure indépendante, en marque collective. L'intérêt d'une marque collective est de créer une dynamique collaborative entre les différents acteurs de la filière, favorisant la diffusion et la promotion du label. En agissant ensemble, nous renforceront sa crédibilité et lui donneront davantage de visibilité. Avec Green Everyday, l’ambition est de donner au label une envergure européenne… ou même au-delà !
L’approche collaborative, clé de la création du label
Parce que le sujet du gaspillage dans le BTP dépasse largement une seule entreprise, il est crucial d’embarquer et de fédérer les différents acteurs de la filière autour du sujet, ce à quoi travaille activement StockPro. La vocation est double : neutralité et transversalité.
Les réflexions doivent impliquer dès à présent l’ensemble des acteurs :
Les distributeurs, notamment avec COEDIS
Les fabricants de la filière, comme par exemple GIMELEC pour le secteur électrique
Des plateformes de réemploi comme StockPro
Un tiers certificateur comme Bureau Véritas, Socotec…
Des éco-organismes comme VALOBAT, Valdelia, Éco-maison, Écominéro
Un acteur de l’assurance comme a SMA BTP, sur les questions d'assurance de responsabilités professionnelles dans le BTP
Un partenaire institutionnel comme l’ADEME ou le CSTB qui intervient dans le secteur de la construction.
L’approche collaborative s’établit encore une fois comme une nécessité pour continuer d’avancer dans la bonne direction, et ouvrir de nouvelles perspectives à l’économie circulaire du BTP.
Les perspectives offertes par un label réemploi
La création du label permettrait :
de répondre à la demande d’une part croissante de produits issus du réemploi dans les appels d’offres
de donner une information objective et vérifiée aux consommateurs
d’avoir une méthode de comptabilisation carbone unique, lisible par l’ensemble des acteurs de la filière
d’intégrer l’effort de réemploi des promoteurs de ce label à une diminution de l’éco-contribution
d’apposer une extension de garantie sur les produits labellisés
Finalement, la problématique environnementale va au-delà du secteur et revêt une dimension sociétale. L’approche du réemploi doit donc être pensée de manière holistique.